Bon, on va faire ça, je vais poster en brut les différents chapitre de la miraculeuse malédiction, bonne lecture !
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« Tuez-les tous » Ce furent mes seuls mots de la soirée, qui fut pourtant bruyante, les créatures que j’avais lâché sur le village étaient voraces et surtout affamés. En moins d’une heure, le silence retombe sur le petit village, il n’y a plus trace de vie, ni chair, ni os, ni sang, ces créatures me regardent, satisfaites, depuis cette fameuse nuit, elle ne me lâche plus, elles font même partit de moi, il faut croire que je dépends d’elles comme elles dépendent de moi maintenant.
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Il y a moins d’un mois, j’étais encore un serf et quand notre seigneur m’a ordonné d’aller lui chercher ses pièges, il a oublié de dire qu’ils étaient armés, ou peut-être avait il fait exprès, je ne saurais dire. Toujours est-il que je marchais joyeusement dans la forêt en m’imaginant seigneur de ces lieux, à gambader en cheval, affrontant de terribles dragons, ce fut la pire idiotie ou la meilleure chose que je n’ai faite de ma vie : J’ai trébuché, alors que je décapitais mon adversaire imaginaire et au lieu de planter mon immense épée dans le corps gisant du dragon durant ma chute, c’est sur un piège que je suis tombé. Le bruit métallique ponctua à quel point la situation était grave, mon bras gisait à côté de mon épaule, une flaque de sang les séparant, la douleur était si grande que je n’arrivais pas même à crier. La douleur m’étourdissais, m’empêchait de réfléchir clairement, tant bien que mal, je bouge, la douleur est tétanisante, je vais mourir là maintenant, un bras en moins en train de me vider de mon sang. J’ai pourtant promis à Tom de revenir jouer avec lui.
Cette promesse faite à mon petit frère est salvatrice, emplis de cette envie de vivre, de m’en sortir, je m’appuie sur mon bras encore valide, commence à me relever : je vais pouvoir rentrer chez moi presque sain et sauf. Jusqu’à ce que je dérape, ce mensonge était encore crédible. Ma tête en frappant le piège à fait un bruit creux et humide, mon œil droit n’est plus que souffrance, un liquide chaud coule sur mon visage, la douleur est partout, je perds mon sang, je vais mourir comme je suis né : Sans que personne ne s’occupe de moi.
Tout devient clair, très clair, la douleur disparaît, ma vie en même temps, je vais enfin pouvoir rejoindre le créateur, Dieu et les anges.
Mais la lumière disparaît, ma vie revient, la douleur aussi, je suis maintenant assis, quelque chose est en face de moi, c’est en train de…de manger mon bras ! Je n’arrive pas à bouger, je suis trop faible pour ça, c’est horrible, cette chose, qui mange un morceau de moi, sous mes yeux. Mais d’ailleurs, pourquoi je revois de cet œil je…
La créature vient de disparaître en touchant la plaie de mon épaule, la douleur est énorme, j’ai froid, tout devient…devient noir.
Enfin je me réveille, je me relève en sursaut, mes deux bras sont bien là, mon œil…mon œil est là mais ne vois plus. Mon œil est…mort ? Comment cela est-il possible, les yeux ne meurent pas dans les rêves ! Ce doit être un rêve…c’était un rêve, juste un rêve horrible.
Je t’entais tant bien que mal de me convaincre que tout cela n’était que le fruit de mon imagination, que mon œil allait revenir d’un instant à l’autre.
Je trouve les trois pièges, ils sont tous fermés, mais les proies sont toutes à moitiés dévorées, je les ramasse et retourne vers le château, je ne veux pas trainer plus longtemps ici.
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Les pièges sont lourds, je suis obligé de les trainer, ils se coincent dans la moindre pierre, la moindre racine, si ça ne tenait qu’à moi, je les abandonnerai là.
Et si je disparaissais ? J’ai des pièges donc je pourrai manger à ma faim avec…
Idée stupide, si je disparaissais avec les pièges du seigneur, ma famille sera pendue et je serai traqué. Il faut croire que je resterai un serf toute ma vie…
Perdu dans mes pensées, les pièges m’échappent, tombent et glisse, jusque dans la rivière en contrebas, heureusement le courant n’est pas fort et ils sont lourds.
Crétin, comme d’habitude tu n’es pas à ce que tu fais…Quelle plaie de devoir les remonter de tout en bas, mais bon, ce n’est pas comme si j’avais le choix.
Je me tourne vers la rivière et là, il se passe quelque chose de…pas normal : ils sont à mes pieds, les pièges, ils sont remontés tout seul.
De la sorcellerie ? Un…un démon ? Comment les pièges peuvent-ils bouger tout seul ?
Je reprends les pièges et la route, avec cet horrible bruit de raclement, creusant un sillon sur le chemin, quand il y a un chemin.
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Enfin j’arrive à destination, le jour arrive à sa fin, il est vraiment temps que ça s’arrête, j’ai les bras qui me font mal et les jambes qui tremblent. Une fois les pièges sur la place centrale, j’en serai libéré, enfin…
Les gens me regardent bizarrement, comme si j’avais fait quelque chose de mal, comme si j’étais un ennemi. Alors que les piège sautillent sur les graviers de la grande place, quelque chose me laisse sans voix, me prive de toute mes forces, au milieu de la place, il y a trois pendu, côte à côte, ensemble jusque dans la mort, ma famille, ils ont été pendu, tous les trois, la scène semble irréelle.
Mais que…qu’est-ce que ? Les mots sont des couteaux qui me transpercent la gorge, ma gorge se raidie au fur et à mesure que mes yeux me disent que cette scène est bien réelle.
Laissant là les pièges je cours vers ma défunte famille, les cheveux sales cachant leurs visages violacés, ils ont été pendus aujourd’hui même.
Je croirais encore entendre leurs voix, sentir leur souffle, les voir bouger, rire, travailler. Mais si c’était vrai, je…je ne serai pas en train de pleurer…
« Prends garde mon petit, ils sont à ta recherche maintenant, pourquoi as-tu attendu si longtemps pour rentrer ? C’est le vieux Alexandre, à moitié aveugle, à moitié sourd, mais il est sage et sympathique.
_ Je ne comprends pas, je suis partit ce matin chercher les pièges, et le temps d’une journée, ma famille est pendue ?
_ Non Elyas, non, cela fait trois jours, trois jours que ta famille t’attendais, mon seigneur Christophe le Chaste en a déduit que tu t’étais enfuit, aussi il a punit ta famille, pour montrer l’exemple à tous.
_ Mais…ce n’est pas possible, je n’ai point faim ni soif et pourtant, je n’ai rien mangé ni bu.
_ Tu as été abusé par des démons alors, vas vite te purifier auprès du père Jacob. Implore le pardon de notre seigneur et peut-être que tout va s’améliorer.
_ Notre seigneur n’a jamais ramener personne, la situation ne risque pas de s’améliorer.
_ Blasphème ! Fais attention à ce que tu dis Elyas, un jour tu devras payer pour tes pêchés.
_ J’ai assez payé pour aujourd’hui, je m’en vais à l’église. M…merci de tes…conseils.
Mes larmes éclatent, je tombe à genoux, je n’en peux plus, le poids du monde semble m’écraser, le vieil Alexandre me met sa cape sur les épaules et me sert contre lui :
_ Tu verras…tout va s’arranger, loué soit notre seigneur, tout va s’arranger… »
Après un moment, les larmes commencent à manquer, la tristesse et la détresse sont passées. Je me lève et me dirige vers l’église, les yeux encore rouge, les muscle fatigués, le cœur douloureux.