Je préviens tout de suite, ceux qui ont l'esprit tordu peuvent sortir tout de suite! Oui mes phrases ont doubles sens mais c'est fait exprès!
Sinon bonne lecture et Betty quelle farandole de smileys ^^.
2. Rêve de sang
On frappa à ma porte. Je levais les yeux sans répondre. Le panneau s’entrebâilla et laissa passer les boucles de mon frère. Assise sur mon lit, les genoux repliés pour soutenir mon livre, je le laissais avancer. Il s’assit sur au pied du lit en se tortillant. Je l’observais quelques secondes, attendant qu’il parle. Il se mordit les lèvres et leva ses yeux doux sur moi.
- Maman et papa se disputent, marmonna-t-il
Je me levais rapidement et souplement jusqu’à mon armoire. Là je soulevais une des lames du plancher. Aussitôt des éclats de voix me parvinrent et Daran vint se coucher sur le sol à côté de moi.
- …ta fille est devenue une vraie sadique, criait ma mère
- Ma fille ? Je ne sais pas si tu as remarqué mais ce jeu de provocation il est avec toi, pas moi, rétorquait mon père.
D’autres brides de phrases me parvinrent mais je ne les comprenais pas. Ils devaient utiliser la langue ancienne. Puis ma mère repris de manière audible et compréhensible.
- Je ne sais plus quoi faire Darik, soupira ma mère. Dina est devenue incontrôlable. Elle est sadique, vicieuse et ne rêve que de souffrance. Et le petit qui commence à s’intéresser à ce qu’elle fait.
A côté de moi, Daran, fit la grimace à la mention du mot petit. Je n’en tins pas compte et me concentrais sur ce que j’entendais.
- Stevila, c’est une adolescente. Sadique certes, mais une adolescente quand même, repris mon père.
A ce moment-là un bruit de sanglot me parvint. Ma mère pleurait.
- Mais qu’est-ce-que je vais faire ? Dis-moi ? Ce n’est plus une fille que j’ai c’est un monstre !
- Tu veux que je l’emmène voir un psychologue ? demanda mon père
- C’est ça, pour qu’elle le morde ? pleura ma mère. La petite Eloe ne s’est jamais remise de la morsure de Dina. Elle est en soin intensif depuis quatre ans parce qu’elle refuse de s’alimenter et tu sais ce qui arrive si, passé un certain délai, on ne prend plus de sang ?
Un silence lourd s’installa. J’étais soudain curieuse. Que se passerait-il si Eloe ne prenait plus de sang ? J’aurais bien aimais le savoir.
Mes parents discutèrent encore un moment mais cela ne m’intéressais plus. Je remettais mon sol en place et m’asseyais en tailleur, concentrée. Daran m’observait en continuant à se tortiller. Au bout d’un moment il finit par poser la question qui lui brûlait les lèvres.
- Dina ? Qu’est-ce-que… qu’est-ce-que ça fait de mordre ?
Je relevais la tête, surprise. Daran avait beau se mordre les lèvres avec ses canines elles ne saignaient pas, guérissant automatiquement. Ses yeux noisette semblaient gênés. Je lui adressais un sourire et me relevais.
- Mordre ? répétais-je
Je m’appuyais sur le rebord de ma fenêtre et regardais la lune.
- Quand tu mords ce n’est pas uniquement pour le sang, continuais-je doucement. C’est aussi pour ressentir la peur de l’autre, sa souffrance et sa vie qui s’échappe. Mordre c’est puissant aux deux sens du terme. Mordre c’est merveilleux.
Dans mon dos un bruit feutré me signala que mon frère s’était relevé.
- Tu… tu en parle comme si tu me parlais d’amour, bafouilla Daran.
Je me retournais, théâtrale.
- Oui je te parle d’amour.
Je lui tournais autour et m’arrêtais dans son dos, mes doigts effleurant légèrement sa nuque. Un frisson le parcouru, c’était ce que je voulais. J’approchais ma bouche de son oreille.
- L’amour c’est le désir charnel et mental. Cela te fait vibrer, cela te transporte, te nourris. C’est un corps à corps, un jeu à deux. Quelque chose de brûlant et de passionnel. Quelque chose de bestial et de dangereux. Le sang c’est pareil. C’est physique, c’est envoutant, c’est excitant. C’est un désir. Au fond sang et amour sont mêmes. Ce sont des désirs. Et sang et amour forme un mot fondé lui aussi sur le désir et l’envie de l’autre à tous les sens. Ce mot c’est vampire.
Je repassais devant mon frère et croisais les bras sur ma poitrine en souriant doucement.
- Nous sommes le fruit du désir des Hommes. C’est eux qui nous ont créés et fait de nous ce que nous sommes. Nous sommes tous ce qu’ils ont toujours voulus. L’immortalité, la beauté et l’amour dangereux. Nous sommes le désir à l’état pur. Mordre c’est ça.
Daran déglutit. Non pas parce qu’il avait peur, mais parce que j’avais réussi à faire ressortir ses envies les plus noires, terrées au fond de lui. Je le sentais tendu. Ses pupilles dilatées comme celles d’un drogué en manque. J’avais excité ses désirs de sang. En cet instant, même un simple oiseau aurait suffi à le faire craquer et à le pousser à mordre. Je souris. Au fond il n’était pas bien difficile de réveiller les instincts primaires de chacun de nous. C’était notre véritable nature, refoulée au fil des siècles. Aguicheuse je défis mon bracelet et tendais mon poignet à mon frère. Il loucha dessus.
- C’est dur hein ? susurrais-je. Là tu vois mes veines comme si je les avais tracées au crayon rouge pas vrai ?
Il hocha lentement la tête sans quitter des yeux ma peau blanche qui devait lui paraître terriblement attirante en ce moment. Je baissais le ton et continuais suavement.
- Mords-moi Daran, vas-y. N’ai pas peur de me faire mal, j’ai l’habitude. Regarde les
marques, un autre l’a fait plusieurs fois avant toi, je ne crierais pas. Vas-y.
Comme sous hypnose il avança lentement vers moi. Et je l’encourageais, tentatrice. Il était jeune et facile à faire plier. J’avais vu sa manière de s’intéresser au lapin que j’avais dévoré. Il avançait tout doucement. Quand il se trouva à ma hauteur il se mit à trembler. La première fois où l’on mord les pulsions sont si violentes qu’on en tremble. Elles sont dures à contenir. J’étais impressionnée du contrôle de mon petit frère.
- Vas-y, soufflais-je encore. Goûte le vrai plaisir.
Tremblant, il ouvrit légèrement les lèvres, passa une langue dessus puis pencha lentement la tête. Il s’arrêta juste au-dessus de mon poignet et ferma les yeux.
- Non, je ne dois pas faire ça, chuchota-t-il. C’est mal, je ne dois pas mordre. Je ne
dois pas.
Un petit sourire étira mes lèvres.
- Qu’y a-t-il de mal à redevenir ce pourquoi nous sommes fait ? Ses crocs qui n’ont jamais servies meurent d’envie d’être utilisés. Mords-moi.
- Non, dit-il en serrant les dents. Non.
Il se releva. Je laissais retomber mon bras et plantais mes yeux dans les siens.
- Qu’est-ce-qui te gène Daran ? demandais-je gentiment.
- Je ne… je ne veux pas être comme toi. Ou plutôt j’ai peur d’être comme toi, se rattrapa-t-il. Je ne veux pas faire pleurer maman. Déjà que les parents sont plus sévères avec moi maintenant qu’ils n’arrivent plus à t’imposer leur autorité.
- Il n’y a que ça qui te retient ?
- Et aussi le fait que tu sois ma sœur, ajouta-t-il
Je soupirais en m’asseyant sur mon lit. Tranquillement je refis les lacets de mon bracelet. Daran suivait mes mains des yeux.
- Qui t’a fait ces marques? demanda-t-il curieux.
Dernière édition par Kamira Manliot le Jeu 1 Mar 2012 - 9:51, édité 7 fois