-Bon, allez, je monte me coucher. A demain !
La blonde fit un signe de la main à ses amis, embrassa Nathan sur le front avant de monter aux dortoirs des Chasseurs d'Ombres. Les éclats de rire la fit sourire, et même lorsqu'elle ferma la porte elle se dit qu'ils parlaient fort. Normalement, elle ne les entendait pas lorsqu'elle se couchait. A moins que ce soit parce qu'elle se couchait plus tôt que d'habitude ?
Tessa passa à la salle de bain, se changea et se lava les dents. Son vieux T-shirt froissé qui lui faisait office de pyjama ne manquerait pas de montrer des signes de faiblesse dans quelques semaines et elle devrait certainement le changer définitivement, sachant pertinemment qu'un passage à la machine à laver ne changerait pas l'état du tissu. Et elle avait beau dire que la magie c'était bien, elle voulait rester un minimum « normale », avec des besoins « normaux » et des activités « normales ».
La Russe se mit dans son lit, remontant la couette jusque son menton. Elle avait toujours détesté les couvertures en laine qu'elle estimait trop rêches et qui la grattaient, alors elle avait fait venir ses couettes de Russie jusqu'en France pour son simple confort. L'été, elles étaient plus aérées et plus ventilées qu'en hiver, où elles gardaient relativement la chaleur.
Elle écouta un moment les rires de ses camarades, puis entendit des pas monter les escaliers. Elle saisit sa baguette, ferma les rideaux de son lit et se remit sur son oreiller, ses cheveux lui faisant une auréole au dessus de la tête. Elle fronça les sourcils, étonnée. D'habitude, elle trouvait sans difficulté qui était monté et qui allait se coucher, dans sa manière de marcher, puis de se changer et surtout, d'allumer le robinet après s'être lavé les dents. Mais là, rien n'arrivait. Consternée, elle ferma les yeux, insistant un peu plus. Mais le sommeil remporta sur son envie de savoir.
Et elle ne réussi pas à voir de qui étaient les pas.
Les pas se faisaient de plus en plus assourdissants, presque au rythme de son cœur. Ou peut-être au rythme de la trotteuse d'une horloge. Essayait-il de la traquer ? Essayait-il de la coincer ?
Tessa se retourna brusquement, apeurée, et se figea en reconnaissant une chevelure qu'elle avait trop espéré revoir.
-Ma... Maman ?
Sa voix étranglée semblant être trop faible pour parler à haute voix. Elle, la pauvre enfant dans ce parc publique, la nuit, courait en chemise de nuit. Elle avait l'air d'avoir nettement rajeunie, par ses vêtements et par sa voix. Mais Tessa avait bel et bien dix huit ans, et sa mère était belle et bien là.
-Je...?
-Ma fille !
Théa Nolastraosvinsky ouvrit grand ses bras, et Tessa se précipita dedans avant de se laisser complètement porter dans les bras de sa mère. Depuis sept ans qu'elle était morte, elle la revoyait enfin. Elle pouvait sentir son odeur, toucher ses cheveux qui étaient identiques au siens : même teinte, même souplesse, même chevelure. Hormis quelques détails physiques comme la longueur de leurs cheveux, leurs habits et leurs formes qu'on pouvait deviner à travers leurs vêtements, les deux femmes étaient identiques. « Telle mère telle fille », disait le proverbe.
-Tu m'as tellement manquée...
Tessa étouffait presque, sa tête passée sur l'épaule de sa mère, les yeux écarquillés de peur que sa génitrice s'évanouisse dans l'ombre du parc sous ses yeux, ou qu'elle s'imagine tout simplement revoir sa mère, et que tout cela n'est que le fruit de son imagination.
-A moi aussi, ma chérie, à moi aussi. Et je me sens très seule, tu sais ? Il y a bien ton frère, avec moi, mais tu sais, depuis qu'il n'est plus avec toi, il est insupportable. Et ne plus avoir ma petite fille avec moi est vraiment quelque chose que je ne supporte pas, tu le sais bien chérie...
Théa regarda son enfant, passant avec amour une main sur la joue de sa fille. Tessa, sans savoir trop quoi faire, se contenta de la dévorer des yeux afin de retenir la moindre parcelle de son visage dans ses souvenirs.
-Je... Je ne comprend pas.
Elle buguait quelque peu, ne comprenant pas trop ce que voulait dire sa mère.
-Eh bien, il faut que tu nous rejoignes, maintenant, répondit Théa le plus simplement du monde.
-Mais où ? Demanda Tessa sans rien comprendre.
Théa regarda sa fille quelques instants, la bouche ouverte. Était-il possible que Tessa, sa fille, son bébé, son enfant ne comprenne pas ce qu'elle dise alors quelle l'avait toujours connue intelligente ? Néanmoins, elle finit par sourire, essayant de rassurer au plus Tessa. Ce n'était pas en la brusquant qu'elle allait obtenir quelque chose d'elle, elle le savait mieux que quiconque.
-Ma chérie, voyons... Tu sais très bien qu'il y a une vie après la mort.
-Que... Quoi ? Fit Tessa, plutôt ébahie.
-Tu ne pensais tout de même pas que tout s'arrêtait comme ça ! Il faut bien que nous servions à quelque chose nous, après. Si il fallait rester dans un trou pendant des millénaires avant qu'on ose enfin nous retirer, je n'aurais pas supporté.
Théa fit une pause, pris Tessa par la main et s'assit à un banc sous un réverbère, obligeant ainsi sa fille à s'asseoir avec elle.
-Ces sept dernières années sans toi ont été terribles, ma chérie. Ton père en a marre de me voir sans cesse ruminer dans le grand salon de notre maison, à faire et à refaire ton lit sans arrêt. Et puis, ton frère est de plus en plus malheureux lui aussi, tu sais, il...
-Mais maman, voyons, papa et Esteban ne sont pas morts, ils ne peuvent pas être avec toi !
Tessa avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, comme on dit « Mais voyons, tu sais très bien qu'on met du ketchup dans un hot-dog ! » sans penser que sa mère le prendrait tout autrement.
Théa mit ses mains sur celles de sa filles, la regardant d'un air compatissant.
-Tessa, mon amour. Je sais que c'est peut-être compliqué de nous faire revenir dans ta vie comme ça, mais il faut que tu nous rejoignes. Il le faut, mon cœur, et tu le sais au fond de toi.
Tessa senti son sourire se fâner, et elle fit attention aux bruits qui l'entouraient. Elle n'y avait pas fait attention plus tôt, mais elle savait maintenant pourquoi elle avait tant paniqué : des dizaines et des dizaines de respirations émanaient des buissons dans tout le parc de Bertie Crochue, et elle n'avait pas été dans la mesure de s'en rendre compte. Elle pouvait presque entendre les doigts des tireurs se crisper autour du métal froid que chacun devait tenir entre les mains.
Tout le monde avait une arme.
Celle de Théa était les tireurs. Celle des tireurs était les flingues. Celle de Tessa était la fuite.
-Tu peux me faire confiance, mon amour. Nous serons enfin tous réunis.
Tessa resta sans voix, attendant qu'ils se lèvent, parce qu'ils devaient se lever, c'était le protocole. Dans tous les films, les tireurs se levaient pour montrer leur puissance à leur ennemi. Et ils savaient bien qu'ils étaient en surnombre par rapport à elle, pauvre enfant de dix huit ans.
-Ne t'en fais pas mon bébé. Tu n'auras pas mal, je te le promets...
Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle senti la lame, froide et dure, lui transpercer le ventre. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, elle porta ses mains à son abdomen et senti le liquide chaud recouvrir sa peau, d'habitude si pale.
Tremblante, elle regarda sa mère, sachant ses dernières forces la perdre. Cette dernière ne lui rendit qu'un sourire.
Qu'un simple sourire.
Et elle la replanta.
Dans le cœur, cette fois.
-N'oublie pas que...
C'est à ce moment là que Tessa, seule dans son lit trempé, se réveilla en hurlant.
La blonde fit un signe de la main à ses amis, embrassa Nathan sur le front avant de monter aux dortoirs des Chasseurs d'Ombres. Les éclats de rire la fit sourire, et même lorsqu'elle ferma la porte elle se dit qu'ils parlaient fort. Normalement, elle ne les entendait pas lorsqu'elle se couchait. A moins que ce soit parce qu'elle se couchait plus tôt que d'habitude ?
Tessa passa à la salle de bain, se changea et se lava les dents. Son vieux T-shirt froissé qui lui faisait office de pyjama ne manquerait pas de montrer des signes de faiblesse dans quelques semaines et elle devrait certainement le changer définitivement, sachant pertinemment qu'un passage à la machine à laver ne changerait pas l'état du tissu. Et elle avait beau dire que la magie c'était bien, elle voulait rester un minimum « normale », avec des besoins « normaux » et des activités « normales ».
La Russe se mit dans son lit, remontant la couette jusque son menton. Elle avait toujours détesté les couvertures en laine qu'elle estimait trop rêches et qui la grattaient, alors elle avait fait venir ses couettes de Russie jusqu'en France pour son simple confort. L'été, elles étaient plus aérées et plus ventilées qu'en hiver, où elles gardaient relativement la chaleur.
Elle écouta un moment les rires de ses camarades, puis entendit des pas monter les escaliers. Elle saisit sa baguette, ferma les rideaux de son lit et se remit sur son oreiller, ses cheveux lui faisant une auréole au dessus de la tête. Elle fronça les sourcils, étonnée. D'habitude, elle trouvait sans difficulté qui était monté et qui allait se coucher, dans sa manière de marcher, puis de se changer et surtout, d'allumer le robinet après s'être lavé les dents. Mais là, rien n'arrivait. Consternée, elle ferma les yeux, insistant un peu plus. Mais le sommeil remporta sur son envie de savoir.
Et elle ne réussi pas à voir de qui étaient les pas.
Les pas se faisaient de plus en plus assourdissants, presque au rythme de son cœur. Ou peut-être au rythme de la trotteuse d'une horloge. Essayait-il de la traquer ? Essayait-il de la coincer ?
Tessa se retourna brusquement, apeurée, et se figea en reconnaissant une chevelure qu'elle avait trop espéré revoir.
-Ma... Maman ?
Sa voix étranglée semblant être trop faible pour parler à haute voix. Elle, la pauvre enfant dans ce parc publique, la nuit, courait en chemise de nuit. Elle avait l'air d'avoir nettement rajeunie, par ses vêtements et par sa voix. Mais Tessa avait bel et bien dix huit ans, et sa mère était belle et bien là.
-Je...?
-Ma fille !
Théa Nolastraosvinsky ouvrit grand ses bras, et Tessa se précipita dedans avant de se laisser complètement porter dans les bras de sa mère. Depuis sept ans qu'elle était morte, elle la revoyait enfin. Elle pouvait sentir son odeur, toucher ses cheveux qui étaient identiques au siens : même teinte, même souplesse, même chevelure. Hormis quelques détails physiques comme la longueur de leurs cheveux, leurs habits et leurs formes qu'on pouvait deviner à travers leurs vêtements, les deux femmes étaient identiques. « Telle mère telle fille », disait le proverbe.
-Tu m'as tellement manquée...
Tessa étouffait presque, sa tête passée sur l'épaule de sa mère, les yeux écarquillés de peur que sa génitrice s'évanouisse dans l'ombre du parc sous ses yeux, ou qu'elle s'imagine tout simplement revoir sa mère, et que tout cela n'est que le fruit de son imagination.
-A moi aussi, ma chérie, à moi aussi. Et je me sens très seule, tu sais ? Il y a bien ton frère, avec moi, mais tu sais, depuis qu'il n'est plus avec toi, il est insupportable. Et ne plus avoir ma petite fille avec moi est vraiment quelque chose que je ne supporte pas, tu le sais bien chérie...
Théa regarda son enfant, passant avec amour une main sur la joue de sa fille. Tessa, sans savoir trop quoi faire, se contenta de la dévorer des yeux afin de retenir la moindre parcelle de son visage dans ses souvenirs.
-Je... Je ne comprend pas.
Elle buguait quelque peu, ne comprenant pas trop ce que voulait dire sa mère.
-Eh bien, il faut que tu nous rejoignes, maintenant, répondit Théa le plus simplement du monde.
-Mais où ? Demanda Tessa sans rien comprendre.
Théa regarda sa fille quelques instants, la bouche ouverte. Était-il possible que Tessa, sa fille, son bébé, son enfant ne comprenne pas ce qu'elle dise alors quelle l'avait toujours connue intelligente ? Néanmoins, elle finit par sourire, essayant de rassurer au plus Tessa. Ce n'était pas en la brusquant qu'elle allait obtenir quelque chose d'elle, elle le savait mieux que quiconque.
-Ma chérie, voyons... Tu sais très bien qu'il y a une vie après la mort.
-Que... Quoi ? Fit Tessa, plutôt ébahie.
-Tu ne pensais tout de même pas que tout s'arrêtait comme ça ! Il faut bien que nous servions à quelque chose nous, après. Si il fallait rester dans un trou pendant des millénaires avant qu'on ose enfin nous retirer, je n'aurais pas supporté.
Théa fit une pause, pris Tessa par la main et s'assit à un banc sous un réverbère, obligeant ainsi sa fille à s'asseoir avec elle.
-Ces sept dernières années sans toi ont été terribles, ma chérie. Ton père en a marre de me voir sans cesse ruminer dans le grand salon de notre maison, à faire et à refaire ton lit sans arrêt. Et puis, ton frère est de plus en plus malheureux lui aussi, tu sais, il...
-Mais maman, voyons, papa et Esteban ne sont pas morts, ils ne peuvent pas être avec toi !
Tessa avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, comme on dit « Mais voyons, tu sais très bien qu'on met du ketchup dans un hot-dog ! » sans penser que sa mère le prendrait tout autrement.
Théa mit ses mains sur celles de sa filles, la regardant d'un air compatissant.
-Tessa, mon amour. Je sais que c'est peut-être compliqué de nous faire revenir dans ta vie comme ça, mais il faut que tu nous rejoignes. Il le faut, mon cœur, et tu le sais au fond de toi.
Tessa senti son sourire se fâner, et elle fit attention aux bruits qui l'entouraient. Elle n'y avait pas fait attention plus tôt, mais elle savait maintenant pourquoi elle avait tant paniqué : des dizaines et des dizaines de respirations émanaient des buissons dans tout le parc de Bertie Crochue, et elle n'avait pas été dans la mesure de s'en rendre compte. Elle pouvait presque entendre les doigts des tireurs se crisper autour du métal froid que chacun devait tenir entre les mains.
Tout le monde avait une arme.
Celle de Théa était les tireurs. Celle des tireurs était les flingues. Celle de Tessa était la fuite.
-Tu peux me faire confiance, mon amour. Nous serons enfin tous réunis.
Tessa resta sans voix, attendant qu'ils se lèvent, parce qu'ils devaient se lever, c'était le protocole. Dans tous les films, les tireurs se levaient pour montrer leur puissance à leur ennemi. Et ils savaient bien qu'ils étaient en surnombre par rapport à elle, pauvre enfant de dix huit ans.
-Ne t'en fais pas mon bébé. Tu n'auras pas mal, je te le promets...
Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle senti la lame, froide et dure, lui transpercer le ventre. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, elle porta ses mains à son abdomen et senti le liquide chaud recouvrir sa peau, d'habitude si pale.
Tremblante, elle regarda sa mère, sachant ses dernières forces la perdre. Cette dernière ne lui rendit qu'un sourire.
Qu'un simple sourire.
Et elle la replanta.
Dans le cœur, cette fois.
-N'oublie pas que...
C'est à ce moment là que Tessa, seule dans son lit trempé, se réveilla en hurlant.