Le soleil ne se lève que pour celui qui va à sa rencontre.

Psyvius regarda Noshka, puis Naiara, repassa à Noshka, il répéta ainsi ses allers et retours trois ou quatre fois.

Mais...vous n'avez rien en commun !

Psyvius se releva et regarda Noshka dans les yeux, cherchant le plus profondément possible, se retrouvant presque collé à lui quand il eu trouvé ou non ce qu'il cherchait. Il prit délicatement Naiara par le menton, et plongea dans ses yeux, cherchant à y retrouver une ressemblance avec l'ours..

Son visage était à quelques centimètre du sien quand il déclara [...]

(Naiara, je te laisse préciser ce qu'il voit !)

Rien. Absolument rien. La ressemblance qu'il cherchait dans ses yeux n'y était pas pas le simple fait que lui et elle n'étaient pas une même personne. Juste deux individus qui en ce voyant, c'était liés à jamais. C'était difficile à expliquer mais pas si dur. Un frère d'âme, c'était un lien qui se ressentait et qui se voyait à l'oeil nu, pas dans les prunelles de l'autre. Si il regardait les deux en même temps, il remarquerait bien de chose. Les regards furtifs et complices qu'ils se lançaient. L'inconfort de Naiara lorsque Psyvius avait touché aux moustaches de Noshka. Si il tapé l'ours, elle en soufrerait aussi.
Ils avaient à peu près le même caractère volage, étourdie, naïf et bien trop de bonne humeur mais elle était humaine, il était un ours. Ils avaient chacun leur vie mais ils partageaient un lien spécial entre eux.

- Euh Psyvi? Ça va? J'ai un truc sur le visage? demanda-t-elle inquiète de le voir si près. Et pourquoi tu dis qu'on ne se ressemble pas... Je veux physiquement c'est vrai, j'aimerais pas être aussi gros que ma boule de poil adorée mais tout de même!

Noshka grogna, n'aimant pas qu'on l'appelle << gros >>.

Psyvius semblait déçu de ne rien trouver de semblable chez ses deux êtres

On dit que les yeux sont les portes de l'âme, mais vous ne vous ressemblez pas, je pensai que...l'un de vous était comme moi.

Sa déception ne fut que de courte durée puisse qu'il retourna aussitôt vers "le nounours", jouant tranquillement avec lui, prenant garde à ne pas perdre son chapeau toute fois. Une fois cette scène finie, Psyvius retourna prêt de Naiara, il avait des poils blanc un peu partout à présent.

Dit donc, tu en as de la chance, moi je peux pas jouer comme ça avec mon chapeau, mais surtout, s'il se réveille, je me retrouve submergé tout de suite.

Psyvius semblait hésiter à révéler ce que cachait véritablement son chapeau

Ça avait été une bonne idée d'appeler Noshka pour s'occuper de Psyvius. C'était effectif comme stratégie. Elle devrait y penser plus souvent à son cher ours comme remède.
Son compagnon grogna, n'aimant pas être appelé << remède >>.

- Dit donc, tu en as de la chance, moi je peux pas jouer comme ça avec mon chapeau, mais surtout, s'il se réveille, je me retrouve submergé tout de suite.

Ah! C'est ce qu'il s'était passé dans le réfectoire? Le chapeau se réveillait alors si quelqu'un d'autre le touchait? Comme si la seule présence de Psyvius l'endormait? Étrange... Enfin... Si c'était ça bien sûr! Mais quel était le lien entre Psyvius, le chapeau, ses yeux et son grand-père? Il manquait des pièces du puzzle qu'elle ne trouvait pas.

- Je comprend pas ta relation avec ton chapeau mais Noshka et moi on se ressemble pas, et je me submerge pas si elle es réveille... Mais si je meurs il meurt et si il meurt, je meurs.

"Mais si je meurs"

à ces mots, Psyvius posa un doigt sur les lèvres de Naiara, n'attendant pas la suite :

Nan, faut pas parler de ça, il ne faut pas dire ça. Il est trop beau et toi trop belle pour mourir, alors il faut pas en parler.

La question de la mort, Psyvius semblait très concerné par cette histoire. La vie, la mort, en y réfléchissant, tous le monde est concerné, mais tout le monde n'y réfléchissent pas.

Un instant après, Psyvius redevint normal, avec toujours ce grand sourire, l'air de rien.

- Pourquoi faudrait pas en parler?

C'est vrai quoi. La mort est quelque chose de complètement naturel à tout être vivant et pour une raison ou une autre, c'était presque devenu tabou d'en parler. D'accord, c'est pas drôle de voir tes connaissances partir pour ne plus jamais les revoir mais c'est comme ça depuis le début des temps et personne s'y est habitué.

- Faut juste le voir comme la fin de quelque chose de merveilleux. Une fin aléatoire, du coup, si on a la mort présente dans notre esprit, on est obligé de profiter de chaque jour comme si c'était le dernier. Si on en parle pas, les gens oublient que ça peut arriver et ils oublient de vivre comme il le faut, le sourire toujours collé aux lèvres.

Elle passa sa main sur la tête de Noshka qui lui sourit, content de voir comment son amie s'y prenait pour répondre à la question. << Je serais heureux de mourir si tu meurs ma gentille Naiara car un monde sans toi, c'est plus un monde. >> exprima Noshka dans sa tête.

Psyvius regarda Naiara, il avait laisser tomber son bras avant de faire demi tour :

La mort serait libération ? Une récompense ?

C'est...c'est pas juste !

Psyvius partit à grand pas dans les couloirs, une main sur le visage, Naiara l'entendit murmurer, mais pas assez fort pour être compréhensible.

Tel l’amarante, tu ne changeras point. Pourquoi me l'aurait-il dit si c'était pour mourir ? Pour vieillir ?

Cette étrange réflexion, Psyvius l'avait soumise à Naiara

- Ah! Parce-que tu te crois immortel? Crois-moi mon petit, l'immortalité n'existe nul part. Tu ne vieilliras peut-être pas si c'est ce qu'il t'a dit cet étrange individu, mais la mort, la mort c'est biologiquement inévitable.

Elle passa sa main dans les cheveux. Ce serait d'une certaine façon joli de ne jamais mourir mais si on ne meurt jamais... On voit tout notre entourage mourir, disparaître à jamais. Et toi, là, tout seul, à attendre une fin qui n'arrivera jamais.
Il n'existe un début sans une fin, comme il n'existe une question sans réponse, cette dernière est peut-être inconnu mais bel et bien là.
C'est la théorie de Yin et du Yang, toute chose connait son opposé.
La vie connait la mort.

- Après, dans ta phrase << Tel l’amarante, tu ne changeras point. >>, c'est peut-être uniquement le coté de la vieillesse qui est touché, tu penses pas? Dans aucun endroit il est précisé l'immortalité.

Psyvius s'appuya contre un mur, posant un pied contre celui-ci, il lança un sourire bien surprenant à Naiara, un sourire hésitant, craintif mais aussi charmant/charmeur :

Tu sais, je t'apprécie beaucoup, chose que je pensais impossible jusqu'ici, de part ma nature, c'est normalement impossible. Alors j'ai envie de te faire un cadeau.

Approches-toi avant que je ne change d'avis.

Psyvius se releva du mur, trouva un endroit pour s'assoir et fit signe à Naiara d'approcher.

Il était bizarre... Pas comme d'habitude au moins. Sa manière de parler et agir ne lui ressemblait plus. Il était toujours plus lent dans ses paroles. Naiara n'arrivait pas à l'expliquer. Elle se demandait bien ce qu'il allait bien pouvoir lui donner. Ce ne serait sans doute plus une rose, parce-que je pense qu'il l'aurait annoncé d'une autre façon.
Mais elle adorait les surprises, et la évocation d'une la fit sourire d'enthousiasme, comme une petite fille. Elle gagna toute son innocence et sa naïveté et se dépêcha de s'asseoir à coté de Psyvius, tremblant métaphoriquement d'envie.
De toute façon, il ne fallait rien précipiter et il n'aurait peut-être plus envie de lui donner quoique ce soit si elle lui demandait ce que c'était. Elle essaya de calmer son visage, essayant de paraître un peu moins enthousiaste, mais elle n'y arrivait absolument pas. Uniquement quelques grimaces s'échappaient de ses lèvres pendant qu'elle essayait de s'auto-neutraliser.

Psyvius posa la paume de ses mains, sur le dos des mains de Naiara, glissant ses doigts entre les siens. Psyvius passa alors derrière Naiara, il lui murmura à l'oreille :

Fermes les yeux et laisses-toi guider.

Ce qu'elle fit non sans mal, tant cette histoire de cadeau la travaillait.

Délicatement, il posa ses mains, et donc celle de Naiara contre la joue de celle-ci, la passant doucement. Un instant plus tard, il écarta les mains et les posa sur son propre visage :

étrange sensation, sa peau n'était...ne semblait pas naturelle, trop parfaite, trop lisse, les quelques poils étaient trop bien rangés.

Sans un mot, Psyvius continua, il remonta les mains et les posa sur quelque chose de rigide, un vêtement ou...Naiara en était certaine, le chapeau.

Ne faisant que l'effleurer quand il bougeait les mains, il les plaqua un instant à un endroit précis, Naiara sentit des battements, des vibrations. Elle entendis même une voix, très faible, quelle n'avait jamais entendue au paravent :

Bien le bonjour Naiara je...

Psyvius décolla les mains avant qu'elle n'entende la suite. Il déposa un baisé dans chacun des mains de Naiara. Il resta là, main entre lassé avec elle. Sans piper un mot.

<< Fermes les yeux et laisses-toi guider. >>

Elle ne voulait pas, elle voulait savoir ce qui allait se passer autour d'elle, elle voulait avoir conscience de son entourage... Mais pour une raison ou une autre, elle l'écouta et ses paupières se fermèrent lentement, introduisant son esprit dans le noir complet.

Au début, leurs mains passèrent sur son propre visage. Mais c'était plutôt une passerelle pour arriver jusqu'au visage de Psyvius. Naiara fut surprise. Son visage était différent au touché de ce qu'elle aurait toute fois imaginé. Mais ce n'était apparemment pas non plus le but du chemin qu'entreprenait leurs mains car Psyvius les entraîna plus en haut, vers... quelque chose.

Elle sursauta. Vraiment? Il allait le faire? Son coeur commença à battre rapidement. Qu'allait-il se passer à continuation? Ses doigts effleurèrent cette surface solide et lisse avec délicatesse. Elle ressentit... quelque chose. Quoi exactement? Elle ne saurait l'expliquer. Juste une présence, une émanation, de la vie peut-être?

<< Bien le bonjour Naiara je... >>

Pour la deuxième en quelques secondes, Naiara sursauta. Psyvius éloigna leurs mains rapidement de la scène mais les lèvres de Naiara étaient encore entre-ouvert, preuve qu'elle était surprise.
Elle se calma, esquissant un léger sourire lorsque le silence s'installa entre eux-deux. Ses paupières s'ouvrirent à nouveau.

- C'était... C'était lui?

Il devait bien se douter de qui elle parlait.
Naiara était émerveillée par ce contact et si il répondait positivement à sa question, elle ne saurait comment lui remercier pour cette découverte.
C'était... Magique.

Psyvius fit tourner son chapeau d'un quart de tour, pendant le bord entre son puce et son index

Oui, tu as sentit, touché et entendu ce que personne ne voit, sent ou entend.

Je suis désolé, mais je ne peux pas te laisser écouter ses paroles, elles sont poison et offense.


Lui et moi sommes presque tout le temps en opposition, tu es si particulière. Tu es la première à nous rapprocher.

Malgré que ses mains soient loin du chapeau de Psyvius, elle ressentait toujours se battement, cette sensation de vie, du bout des doigts. Comme s'il avait laissé une trace.

Impulsivement, soudainement, Psyvius prit Naiara dans ses bras, la serrant doucement contre lui et lui déposa un baiser dans le cou

Dommage, elle aurait bien voulu s'avoir ce qu'il avait à lui dire le chapeau. Il avait commencé sa phrase en prononçant son prénom et il avait rajouter le << Et... >> mais la suite? Un mystère qu'elle ne connaîtrait jamais, malheureusement.
Ses doigts tremblaient, mais elle n'avait pas froid. Elle ressentait encore de la chaleur sur le petit bout, se demandant si c'était la marque qu'avait laissé le touché ou pas. Ses doigts ne pouvaient être vivant mais bizarrement, c'est ce qu'elle pensait. Un trace... À jamais?
À fond dans ses pensées, recouvertes par ses dernières émotions, englobées par ses réflexions, Psyvi la fit sursauter. Son entrinte et le baiser qu'il laissa dans son cou la prirent par surprise, ne s'y attendant pas, mais pas du tout.
Elle passa sa main sur le visage du garçon, dubitative.

- Tout va bien? demanda-t-elle.

Psyvius ne bougea pas, restant là, tenant Naiara contre lui, le souffle de Psyvius faisant voleter les cheveux de Naiara.

Je vais devoir prendre un peu de distance, je ne suis pas fait pour les fortes émotions, je risquerais de m'y perdre.

Psyvius parlai doucement, il se mit soudain à chuchoter, si bas que Naiara dû tendre l'oreille pour entendre :

Je ne sais pas si ce qui me parcours vient de moi, ou si c'est ses émotions à lui qui déteignent sur moi, je dois prendre du recul pour le savoir.

Psyvius déposa un autre baiser dans le cou de Naiara, un peu plus tard, il la lâchera pour retourner au chateau